La Poudre noire
A- Histoire
Un artificier de guerre chinois
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1- Les débuts de la poudre noire : la découverte du salpêtre​
11- Utilisation et amélioration de la poudre au Moyen-Orient
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Le secret du salpêtre fut transmis de la Chine à l’Occident par la voie de la fameuse « route de la soie », à la fin du septième siècle. Cette route de la soie était le fruit des échanges commerciaux noués entre la Chine et l’Occident depuis les temps antiques. Le salpêtre joua un rôle de plus en plus important dans les guerres opposant les Byzantins de l’Empire Romain d’Orient et leurs nombreux ennemis. Cependant, les Byzantins n’utilisèrent pas le salpêtre comme poudre explosive mais comme substance inflammable et dévastatrice. Cette substance, le terrible feu grégeois, capable de brûler sur l’eau, donna aux Byzantins une nette supériorité navale sur tout le Pont-Euxin pendant plusieurs siècles. En 674, pendant le siège de Constantinople, capitale des Byzantins, ceux-ci firent face au Calife Mouzaïra. Ils le repoussèrent grâce à l’utilisation du feu grégeois, arme alors inconnue qui n’était effectivement utilisée que pour la première fois. Ce n’était cependant qu’un simple mélange de naphte, de souffre, de résine, de goudron et de salpêtre. Pendant six siècles, Constantinople garda son secret et domina les affrontements maritimes.
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Au treizième siècle, les Arabes découvrirent à leur tour grâce aux Chinois le salpêtre et la poudre. Ils les utilisèrent donc contre Byzance, mais aussi contre les croisés, en combattant avec ces armes redoutables principalement sur terre. Les Arabes, excellents alchimistes et scientifiques, s’appliquèrent à soigner la fabrication de leur poudre noire. Ils cherchèrent à purifier chacun des composés, afin d’optimiser leur efficacité et d’éviter de fâcheux problèmes techniques (explosions indésirées), très courants à l’époque.
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Un des nombreux combats navals où le feu grégeois prouva sa nette supériorité
La suprématie militaire arabe s’affirme grâce au salpêtre et à la poudre noire
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D’ailleurs, le premier coup de canon aurait été tiré en 1275 par Abou-Yousouf, sultan du Maroc. Cependant le « canon » n’était alors qu’un tube en bois lançant des flèches. En 1342, les Arabes combattirent les forces de la Reconquista, lors du siège d’Algésiras, avec des canons tirant des petits boulets de fer. Malheureusement pour eux, ces canons mal conçus furent inoffensifs.
111- L’arrivée de la poudre en Occident et son évolution
Impressionnés par les dégâts qu’infligeait la poudre noire en Orient, les Occidentaux adoptèrent eux aussi cette arme dévastatrice. Au quatorzième siècle, le canon arriva en Europe chrétienne. Ses premiers essais en 1324 pendant les sièges de Metz et de la Réole furent concluants. Les Anglais, au cours de la guerre de Cent ans, se servirent de plus en plus fréquemment du canon contre les Français, comme à Crécy en 1346. La France suivit aussitôt cet exemple. Après ces conflits sanglants, elle s’équipa à son tour de canons, notamment grâce aux frères Bureau, remarquables ingénieurs qui hissèrent la France aux plus haut niveau de l’artillerie de l’époque. Cette poudre causa d’immenses dommages humains et matériels dans le cadre de la guerre, mais aussi dans celui de l’expérimentation. En effet, depuis sa découverte jusqu’à aujourd’hui, elle n’a eu cesse de provoquer des explosions accidentelles meurtrières et fréquentes, comme à Lubeck en 1360 et à Grenelle en 1794 (plus d’un millier de morts).
L’évolution de la poudre noire ne dépendit pas de sa composition qui resta presque identique au cours des siècles mais de l’évolution de ses techniques de fabrication. En général, les fabriques de poudre ou « moulins à poudre » produisaient une poudre certes soignée, mais jamais totalement homogène. A cause de ce manque d’homogénéité, la poudre restait dangereuse pour ses utilisateurs, imprévisible. Une même masse de poudre pouvait réaliser des détonations d’une puissance trop variable. De plus, au dix-septième siècle, en France, les précautions de sécurité à observer lors de la fabrication de la poudre étaient négligées. Les ouvriers broyaient les composés de la poudre à la main. En effet, cette période fut très troublée pour le pays, qui connut la Révolution puis l’Empire. La demande dépassait la production. Pour remédier au problème d’homogénéité, on inventa en 1700 le concept de la poudre à grain. Sous cette forme, la poudre produisait une puissance de tir constante. Néanmoins, sa fabrication était encore plus dangereuse que celle de la première forme.
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Canonniers français du Grand Siècle
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La poudre noire n’a cessé de connaître des améliorations au cours des siècles, mais ce n’est qu’au dix-neuvième que quelques savants, dont un certain Joseph Proust, remirent en cause son efficacité : la poudre noire était alors en effet dangereuse pour l’utilisateur, facilement dégradable par le temps (surtout l’humidité), sa fumée était épaisse et émettait trop de déchets, encrassant fusils et canons.
De nombreuses recherches furent donc menées pendant ce siècle par divers chimistes. En 1788, Berthollet décida de remplacer le souffre par le chlorate de potassium. Cependant cette nouvelle poudre, trop dangereuse, ne fut pas adoptée.
En 1800 fut inventé le fulminate d’argent, mais ce n’est en 1846 que Schönbein créât le fulmicoton, mélange de soufre, de charbon et d’acide nitrique réagissant avec du coton ; suivi par Alfred Nobel avec la découverte de la nitroglycérine.
Enfin, en 1884, on réussit grâce à ces successions de découvertes à produire une poudre composée de nitrocellulose gélatinisée. Cette poudre possédait des propriétés assurant fiabilité dans la puissance d’explosion et dans sa conservation (elle ne craint plus l’humidité). De plus, les déchets rejetés sont presque inexistants. Ce mélange est encore utilisé de nos jours.
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Joseph Proust Claude-Louis Berthollet Christian Schönbein Alfred Nobel
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Les grands savants du dix-neuvième siècle qui ont consacré leur vie aux poudres
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Dès les débuts de notre ère, les Chinois découvrirent le salpêtre, un produit naturel. Cet élément constituait une ressource capitale pour la Chine antique : il possède en effet la capacité d’entretenir et d’activer les combustions. Le mot salpêtre signifie « sel de pierre ». En Chine, ce « sel » émergeait des sols en les colorant en blanc. La récolte en était donc facile et a favorisé son utilisation dans ce pays. Les scientifiques chinois de l’époque ne tardèrent pas à inventer un mélange très combustible de charbon, de soufre, et de salpêtre, qui allait devenir l’ancêtre de la poudre à canon. Dès le dixième siècle, l’existence de cette poudre est mentionnée dans quelques ouvrages scientifiques… Son emploi était très varié : les Chinois confectionnaient des fusées explosives, ancêtres des feux d’artifice, animant ainsi les grandes fêtes. De plus, les soldats utilisaient parfois la poudre comme arme de siège offensive contre leurs ennemis. Cependant, pendant de nombreux siècles, la Chine protégea jalousement le secret de sa poudre, gardant ainsi en ses frontières cette formidable découverte.
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I- LA POUDRE NOIRE